Construire des systèmes sains : Mobiliser le potentiel des personnes d’expression anglaise pour améliorer le secteur des soins de santé au Québec

2025 - 06 - 9

Rédaction

Résumé Exécutif

Sta Kuzviwanza, Director of Policy & Research, Provincial Employment Roundtable

Ye Zin, Economic Policy Analyst, Provincial Employment Roundtable

 

Le système de santé québécois fait face à des défis importants qui risquent d’avoir un impact sur le bien-être des Québécois pour les années à venir. Les professionnels de la santé sont de plus en plus rares, travaillent souvent avec des infrastructures désuètes, et doivent gérer une demande croissante de services, surtout depuis la pandémie de COVID-19. Par ailleurs, l’adoption de la loi 14 en 2022 (anciennement projet de loi 96) a renforcé les exigences linguistiques pour l’embauche et la pratique professionnelle dans certains domaines de la santé (entre autres), ce qui a créé des obstacles supplémentaires pour les étudiants et les travailleurs d’expression anglaise dans le secteur de la santé. Étant donné que les personnes d’expression anglaise étaient déjà sous-représentées dans le secteur de la santé en 2021, cette loi pourrait affaiblir davantage leur participation, ce qui affecterait en fin de compte la disponibilité des services de santé en anglais et l’inclusion de professionnels clés pour améliorer le système de santé dans son ensemble, indépendamment de la langue.

Nos recherches indiquent que cet enjeu représente en même temps une opportunité précieuse: des efforts ciblés pour recruter, soutenir et retenir les personnes d’expression anglaise pourraient renforcer l’inclusivité et améliorer la capacité du système de santé provincial. Dans ce rapport, nous nous appuyons sur des données des statistiques du Recensement du Canada et sur l’analyse des résultats d’un inventaire de programmes identifiant la formation en langue française spécifique au secteur des soins de santé.

 

Principaux Résultats

Les données sur la migration interprovinciale révèlent l’incapacité du Québec à retenir les travailleurs de la santé d’expression anglaise vivant dans la province, contrairement aux francophones.
  • Les personnes d’expression anglaise représentaient environ les deux tiers (65,6 %) de tous les travailleurs de la santé et de l’assistance sociale qui ont quitté le Québec pour s’installer dans d’autres provinces du Canada, ce qui représente une perte importante pour une si petite partie de la main-d’œuvre du secteur des soins de santé.
  • Les données se rapportent à 2021 et n’intègrent donc pas les impacts potentiels de la loi 14 sur cette tendance à l’émigration.
  • La migration nette des personnes de langue anglaise – le nombre de personnes qui ont déménagé au Québec moins celles qui ont déménagé dans d’autres provinces – est demeurée relativement stable en 2016 et en 2021 (environ -300 pour les deux années).
  • Au contraire, au cours de la même période, le solde migratoire des francophones est passé de négatif à positif (-215 en 2016 contre 198 en 2021), ce qui signifie que les francophones sont plus nombreux à s’installer au Québec qu’à le quitter.
Les personnes de langue anglaise sont sous-représentées dans l’industrie des soins de santé et de l’assistance sociale.
  • Les gens d’expression anglaise représentent 11,4 % de la main-d’œuvre de l’industrie, mais 15,8 % de la main-d’œuvre totale du Québec.
  • Le taux de chômage des travailleurs de la santé et de l’assistance sociale d’expression anglaise était deux fois plus élevé que celui des francophones (4,7 % contre 2,3 %).
Il existe très peu de ressources d’apprentissage du français axées sur les soins de santé dans la province.
  • Notre inventaire a permis d’identifier au moins 28 cours ou formations uniques d’apprentissage du français axés sur les soins de santé, mais seulement 15 d’entre eux n’exigeaient pas que les participants soient déjà inscrits en tant qu’étudiants dans un établissement d’enseignement. La plupart étaient concentrés à Montréal.
Les personnes d’expression anglaise sont plus nombreuses à exercer des professions qui exigent un diplôme universitaire, par opposition à un diplôme de CEGEP ou à un diplôme professionnel.
  • Les médecins spécialistes et les dentistes en sont des exemples.
Le sexe influe sur l’engagement dans le secteur des soins de santé dans son ensemble, ainsi que dans des professions spécifiques.
  • La grande majorité des travailleurs du secteur de la santé et de l’assistance sociale (80,1 %) sont des femmes. Parmi les personnes expresion anglaises, les femmes participent à l’industrie des soins de santé environ trois fois plus que les hommes (les femmes représentent 8,7 % de l’industrie contre 2,7 % pour les hommes).
  • Les hommes d’expression anglaise ont tendance à travailler en tant que médecins spécialistes ou dentistes, tandis que les femmes d’expression anglaise occupent plutôt des postes d’assistantes dentaires, de diététiciennes, de nutritionnistes et d’aides à domicile. La même tendance existe chez les francophones.

 

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